Dans le monde de l’entrepreneuriat et des affaires, le recours aux coachs, mentors et autres experts de l’accompagnement s’est démocratisé. Pour le meilleur souvent, mais parfois pour le pire, lorsque la confusion règle sur leurs rôles respectifs.
Je comprends que la confusion soit courante, puisque les professionnels eux-mêmes ne sont pas toujours très clairs sur qui fait quoi et sur les contours précis de chacune de ces fonctions. Pourtant, on ne fait pas appel à l’un ou à l’autre pour résoudre les mêmes problématiques ni pour les mêmes raisons.
A la fin de cet article, vous aurez les clés pour choisir en toute conscience de quel type de professionnel vous avez besoin.
Mais avant, je vais vous partager un cas que j’entends souvent et qui m’agace profondément.
Le problème
Celui de personnes qui décident de consulter un « coach » pour les accompagner au niveau professionnel et qui se retrouvent à recevoir des conseils.
Quel est problème, vous demandez-vous certainement ?
C’est très simple : un coach ne donne pas de conseils.
Un coach ne donne pas de conseils. JA-MAIS.
C’est anti-déontologique.
C’est un des premiers cours reçus dans toutes les formations sérieuses au coaching.
Pourquoi est-ce si important de ne pas donner de conseils ?
Tout d’abord, le coaching est basé sur une croyance partagée : notre client a ses propres réponses en lui. Notre rôle est de créer le cadre qui permettent à ses réponses d’émerger. De découvrir et formuler les vérités qu’il porte en lui grâce à un questionnement précis et une écoute subtile. On dit que nous maîtrisons l’art de la maïeutique (littéralement l’art de faire accoucher).
Ces questions vont permettre au client de revisiter sa situation sous un nouveau jour et de relier entre eux certains événements grâce auxquels il pourra observer des prises de consciences, mettre en lumière de nouvelles habitudes et découvrir des compétences insoupçonnées. Conséquence positive : il se projette dans un avenir satisfaisant grâce à la prise de conscience de sa capacité d’agir en toute autonomie face aux futures difficultés.
Ensuite, le but d’un coaching est de permettre au client d’atteindre un objectif défini. Si je donne mon avis ou des conseils, je ne suis pas neutre. Je transpose mon histoire et mon cadre de référence sur le sien.
«L’expérience n’est une lumière qui n’éclaire que soi-même» – Lao Tseu
«L’expérience est une bougie qui n’éclaire que celui qui la porte» – Confucius
Les conséquences du problème
Quand un coach donne des conseils, il porte atteinte à l’autonomie du client.
Les recherches en neurosciences nous enseignent que ce sont principalement les parties rationnelles du cerveau qui sont sollicitées quand on donne un conseil. Cependant, pour engager pleinement le client, les parties émotionnelles et sensorielles du cerveau devraient également être impliquées dans le processus de prise de décision. Sans un cerveau pleinement engagé, la probabilité que le client prenne une décision contraire à l’éthique augmente considérablement (source : article de Teri-E Belf et Michael Marx).
En tant que coachs, nous devrions donc nous demander si donner un avis à un client provient d’une motivation à servir les meilleurs intérêts du client ou si c’est pour satisfaire notre ego.
Donner des conseils est une position dite « d’expert ». Elle maintient l’inexpérience, l’ignorance et l’incapacité du client. Celui qui donne un conseil n’est donc pas dans une relation de parité avec celui qui le reçoit : il est celui qui sait, qui est compétent, qui a la solution. Cette position flatte son ego et favorise l’estime qu’il a de lui-même.
De quelle intention est animé un coach quand il donne un conseil ? La réponse ne peut pas être la bienveillance, la compassion ou le sentiment d’être utile. Ou alors, cela signifie que le coach est insuffisamment formé à la relation d’accompagnement (c’est une autre histoire, tout aussi problématique, qui pourrait faire l’objet d’un autre article).
Le donneur de conseil peut revêtir plusieurs visages (source Capite Corpus) :
- «Dis-le » : le « conseilleur » a réponse à tout et se pense le mieux placé pour répondre.
- « Sauve-le » : le « conseilleur » s’érige en sauveur. Il estime que sans son intervention, la situation ne pourra que s’aggraver voire péricliter.
- « Contrôle-le » : le « conseilleur » tient à rester aux commandes pour contrôler et s’assurer du dénouement positif de la situation.
Dans ces trois cas, la relation est déséquilibrée, ce qui est contraire à la relation de coaching. Sans parler de la pression sur les épaules du conseilleur est de la relation infantilisante envers le client.
Maintenant que les risques de donner des conseils, vous comprenez pourquoi il est inepte de parler de coaching pour des spécialités comme les réseaux sociaux, le human design, le marketing, le copywriting, les finances etc. On peut être un super formateur ou un super consultant dans ces domaines (et il y en a besoin !) mais pas coach.
Regardons à présent les différences entre ces métiers afin que vous puissiez choisir celui dont vous avez vraiment besoin.
Coach, consultant, mentor ou formateur ?
Comme le mentionne Claudine Deslandres, co-présidente de l’antenne ICF Normandie 2022-2024, ces métiers se distinguent par leur posture et leur finalité.
Le formateur
Les « coachs » qui transmettent un savoir et vous font faire des exercices pour appliquer les notions enseignées sont en fait des formateurs. Leur public est constitué d’ « apprenants » et ils adoptent une posture de « sachant ».
C’est très utile si vous avez besoin d’acquérir un savoir ou un savoir faire. Par exemple : apprendre à communiquer, connaître les principes du leadership ou découvrir comment mener un entretien de vente.
Le consultant
Les « coachs » qui établissent un diagnostic de votre situation quand un problème se présente sont en fait des consultants. Ce sont des experts de leur domaine qui sont là pour identifier les causes d’un problème et de proposer des solutions pour le régler.
Ils sont très utiles si vous rencontrez un problème « technique ». Par exemple : une campagne de publicité qui n’est pas assez performante, un manque de productivité dans une équipe ou un process qui a besoin d’être amélioré.
Le thérapeute
Les « coachs » auxquels vous avez recours lorsque vous traversez une difficulté d’ordre psychologique doivent être formés en tant que thérapeutes. Ils ont une solide formation pour prendre en charge la souffrance de leur interlocuteur, et travaillent sur la modification de l’inconscient dans le but d’un mieux-être. Ils ont des patients, et non des clients.
Vous pouvez les consulter si vous traversez une période délicate, sur le plan personnel ou professionnel, si vous avez des angoisses ou des difficultés relationnelles récurrentes, entre autres.
Le mentor
Les « coachs » qui vous accompagnent avec bienveillance et qui partagent leur expertise avec vous car ils ont en commun avec vous un domaine précis dans lequel ils ont longtemps exercé sont en fait des mentors.
Grâce à sa longueur d’avance, il peut apprendre à son protégé tout ce qu’il juge utile de savoir ou de faire pour s’améliorer dans un secteur spécifique. Il peut donc lui indiquer une marche à suivre, une liste d’étapes, un plan d’action.
Très utile si vous cherchez une référence dans votre domaine qui peut vous faire bénéficier de son expérience (sans qu’il y ait relation d’emprise).
Le coach
Les coachs professionnels ne donnent pas de conseils précis puisque leur métier est de vous aider à trouver vos propres réponses pour débloquer une situation et/ou atteindre votre objectif. Il va vous amener d’un point A à un point B plus rapidement et plus facilement que si vous l’aviez fait seul.
Ils n’ont pas de recette miracle ni de baguette magique ni de discours tout fait. Ils interagissent en posture d’égal à égal avec vous, qui a la faculté de prendre du recul, pour voir ce qui ne va pas dans la situation.
En visant l’autonomie, la finalité du coaching est que le client n’ait plus besoin de coach si un situation similaire se reproduit.
Tous les échanges sont couverts par le secret professionnel et un Code de déontologie.
Attention aux « coachs » qui vous influencent, vous abreuvent de conseils superficiels, vous promettent des résultats extra-ordinaires ou vous maintiennent en dépendance etc ce sont des gourous. Il y a risque d’emprise.
En résumé
D’aucuns diront que je joue sur les mots, que peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivraie (vous voyez la métaphore !)… Mais j’ai une quête d’exigence, de précision et de transparence pour le client. J’ai suffisamment laissé d’argent sur la table en faisant appel aux mauvais interlocuteurs pour moi, je détesterais que ce soit votre cas.
Si vous avez besoin d’apprendre, formez-vous auprès d’un formateur.
Si vous avez un problème technique ou opérationnel, faites appel à un consultant.
Si vous souffrez intérieurement, consultez un thérapeute.
Si vous cherchez quelqu’un avec de l’expérience, recherchez un mentor (c’est rare).
Si vous rencontrez une difficulté humaine, relationnelle, émotionnelle, contactez un coach professionnel.
Personnellement, je suis formée au coaching exécutif, c’est donc ma posture principale. Avec les entrepreneures ou les coachs, lorsqu’elles en font la demande explicite, j’adopte une posture de mentor. Et je donne également des formations sur mes sujets d’expertise (entrepreneuriat, relation à l’argent, leadership). Il est donc possible d’avoir plusieurs casquettes et d’alterner les rôles du moment que c’est clair pour le client et que cela rencontre sa demande.
Tous les professionnels sont utiles en fonction des situations, mais ne vous faites pas duper par la mode du coaching employé à tout bout de champ. Cela finit par dénaturer la singularité de ce beau métier. Si c’est un coach que vous cherchez, demandez à vos interlocuteurs où ils ont été formés au coaching, s’ils sont supervisés et certifiés.
Si ce n’est pas le cas, vous pouvez les questionner : pourquoi n’utilisent-ils pas la fonction qui leur convient et qu’est-ce que cela peut laisser dire sur la nature de la relation et du travail qui va vous lier ?s